par Michel Paillé
18 février 2011, Québec
Les médias ont rapporté l’arrivée record au Québec de 54 000 immigrants en 2010. Ce record sera battu, car selon le Plan d’immigration pour 2011, il pourrait dépasser 60 000 personnes au cours de la présente année, soit 5 000 immigrants par mois, voire un peu plus.
La société dans laquelle on cherche à greffer autant d’immigrants se décrit entre autres ainsi : sa métropole attire toujours la plupart des immigrants, sa population montréalaise francophone migre vers les banlieues, ses budgets voués à la francisation ont été comprimés, ses entreprises, ses institutions et ses membres sont frappés d’une «anglomanie galopante» selon la belle expression d’Alexis Cossette-Trudel (Le Devoir, 13 février 2011), etc. Autant de tendances lourdes qui réduisent notre «capacité d’intégration». Quant à notre «volonté d’intégration», elle laisse pantois.
Pourquoi autant d’immigrants? La raison première, celle qui a conduit le Québec à se doter d’un ministère après 101 ans de laisser-faire (1867-1968), tient à une fécondité anémique qui dure depuis 40 ans. Il y a plus de 15 ans déjà, je montrais que «pour justifier de hauts niveaux d'immigration, [on avait avancé] des arguments démographiques gonflés» (Le Devoir, 17 août 1994). Pour atteindre des objectifs économiques et démographiques qui s’avèrent plutôt modestes, le projet d’une société francophone – projet par ailleurs de plus en plus évanescent – est gravement compromis : l’anglais reprend tranquillement ses privilèges dans la métropole.
Dans Le Remède imaginaire. Pourquoi l'immigration ne sauvera pas le Québec de Benoît Dubreuil et Guillaume Marois, on reviendra sur le sujet (Boréal, 1er mars 2011). Bien que je ne connaisse pas personnellement les auteurs – du moins pas encore –, cet ouvrage s’annonce très rigoureux si j'en juge par la qualité de leurs travaux antérieurs. Hélas, au point où nous en sommes, nombreux seront ceux qui l’accueilleront dans l’indifférence.